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LA MÈRE
La Mère
Depuis le commencement du monde, à tout moment et partout
où il y a eu pour la conscience divine la possibilité de s'exprimer, j'étais là.*
Ce qui vous parle en ce moment est un fidèle serviteur du Divin.
De tout temps, depuis les débuts de la terre, en fidèle serviteur du Divin, il y a parlé au nom de son Maître. Et tant qu'il
y aura une terre et des hommes, il y sera dans un corps pour
prêcher la parole divine.
Partout donc où on me demande de parler, je le fais de mon
mieux, comme serviteur du Divin.
Mais parler au nom d'une doctrine particulière ou d'un
homme si grand soit-il, cela je ne le puis ;
L'Éternel Transcendant me le défend.
1912
Moi et ma foi
Je n'appartiens à aucune nation, aucune civilisation, aucune
société, aucune race, mais au Divin.
Je n'obéis à aucun maître, aucun souverain, aucune loi,
aucune convention sociale, mais au Divin.
À Lui, j'ai tout abandonné, la volonté, la vie et le moi ; pour
Lui je suis prête à donner tout mon sang, goutte à goutte, si
telle est Sa Volonté, avec une joie totale ; et à Son service rien ne saurait
être un sacrifice, car tout est parfaite félicité.*
Japon, février 1920
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Comment je suis devenue consciente de ma mission
Quand et comment je suis devenue consciente d'une mission à
accomplir sur terre ? Et quand et comment j'ai rencontré Sri
Aurobindo ? Vous m'avez posé ces deux questions et je vous ai
promis d'y répondre brièvement.
En ce qui concerne la connaissance de la mission, il m'est
difficile de dire quand elle s'est présentée à moi. C'est comme si
j'étais née avec elle et, à mesure que se développaient le mental
et le cerveau, se développaient également la précision et la
plénitude de cette conscience.
Entre 11 et 13 ans, une série d'expériences psychiques et
spirituelles me révéla non seulement l'existence de Dieu, mais la
possibilité de s'unir à Lui, de Le réaliser intégralement en
conscience et en action, de Le manifester sur terre dans une vie
divine. Ceci me fut donné — en même temps qu'une discipline
pratique pour l'accomplir — pendant le sommeil de mon corps,
par plusieurs maîtres dont j'ai ensuite rencontré un certain
nombre sur le plan physique.
Plus tard, tandis que se poursuivait le développement intérieur et extérieur, la relation psychique et spirituelle avec l'un
de ces êtres se fit de plus en plus claire et fréquente et, bien
que connaissant fort peu à cette époque les philosophies et
les religions de l'Inde, je fus conduite à le nommer Krishna,
et j'eus dorénavant conscience que ce serait avec lui (que je
savais devoir un jour rencontrer sur terre), que l'œuvre divine
s'accomplirait.
En 1910, mon mari vint seul à Pondichéry, où dans des
circonstances étranges et très intéressantes, il fit la connaissance
de Sri Aurobindo. À partir de ce moment-là, nous eûmes tous
les deux un grand désir de revenir en Inde — pays que j'avais
toujours chéri comme ma vraie mère patrie. Et en 1914, cette
joie nous fut accordée.
Aussitôt que je vis Sri Aurobindo, je reconnus en lui l'être
que je connaissais bien et que j'avais coutume d'appeler
Krishna... Et ceci suffit à expliquer pourquoi je suis pleinement
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convaincue que ma place et mon œuvre sont auprès de lui, en
Inde.*
Pondichéry, 1920
Ô mon Seigneur, mon Seigneur !
Ce que Tu veux que je sois, que je le sois.
Ce que Tu veux que je fasse, que je le fasse.*
20 juin 1931
Ô Seigneur, je n'essaierai pas d'échapper au travail que Tu m'as
donné. Où que Tu places ma conscience, elle y restera sans
tenter de s'élever à des hauteurs pleines de félicité. Même si Tu
la veux dans la boue de la nature la plus matérielle, elle restera
là, en paix et au repos. Mais où qu'elle soit, elle ne pourra
qu'aspirer à Toi, s'ouvrir à Ton influence et T'appeler à descendre en elle, Toi seule réalité de l'existence.*
7 mars 1932
Avec quelle ardeur la conscience aspire à s'évader de la prison
des vibrations matérielles, pour s'envoler vers Toi, Seigneur,
dans les hauteurs immaculées !
Mais l'envol est impossible... Ta Volonté s'y oppose. Il faut
rester engluée dans la boue de la nature obscure et ignorante.
C'est bien : la joie d'être et de faire ce que Tu veux dépasse
toutes les autres joies, même les plus sublimes.
Cependant, la conscience crie : "Je Te veux, je Te veux ; sans
Toi je ne suis rien, je n'existe même pas !" Et la vibration de
l'appel est si forte que la lourde matière elle-même en est toute
secouée. "Je Te veux, je Te veux. Puisque Tu ne me permets pas
de m'élancer vers Toi, de tout quitter pour Te rejoindre, c'est
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ici que je T'appellerai et je T'implorerai tant et tant que Tu
descendras T'infuser en un monde enfin éveillé à l'absolu
besoin de Ta Présence." Et l'invocation vibra si intense que la
masse amorphe et ténébreuse rut traversée par le premier
frémissement annonciateur de l'approche du Bien-Aimé.
8 mars 1932
Ô mon Dieu ! tu m'as dit : "Plonge dans la matière et identifie-toi à elle : c'est là que je veux me manifester."
Et ta volonté a été faite — mais la matière a méconnu le don
et s'obstine à vouloir chercher en des activités et des relations
obscures et mensongères, une satisfaction qu'elle ne peut y
trouver.
Et cependant Tu m'as promis la Victoire...
Ô Seigneur, éveille mon être tout entier, afin qu'il puisse être
pour Toi l'instrument nécessaire, le parfait serviteur.*
27 mars W6
Ce que je veux effectuer dans le monde matériel, sur la terre.
1. La Conscience parfaite.
2. La Connaissance intégrale, l'omniscience.
3. Le Pouvoir invincible, irrésistible, inéluctable, l'omnipotence.
4. La Santé parfaite, invariable, inébranlable, l'énergie perpétuellement renouvelée.
5. La Jeunesse éternelle, la croissance constante, le progrès
ininterrompu.
6. La Beauté parfaite, l'harmonie complexe et totale.
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7. Les Richesses inépuisables, inégalables, le contrôle sur
tous les biens de ce monde.
8. Le Don de guérir et de rendre heureux.
9. L'immunité contre tout accident, l'invulnérabilité à toute
attaque adverse.
10. Le Pouvoir d'Expression parfaite dans tous les domaines
et toutes les activités.
11. Le Don des langues, le pouvoir de se faire parfaitement
comprendre de tous.
12. Et toute autre chose nécessaire à l'accomplissement de
Ton Œuvre.
23 octobre 1937
Je souhaite
1. personnellement, être éternellement l'expression parfaite
du Divin Suprême.
2. que la victoire, la manifestation et la transformation supramentales aient lieu sans délai.
3. que toute souffrance disparaisse à jamais du monde présent et à venir.*
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